Parmi les personnalités qui ne sont pas passées inaperçues au Parc des Sciences et des Arts « Sirius » de Sotchi, lieu de la première Conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique (9-10 novembre 2024), surtout auprès des journalistes, il y a le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop. Connu pour ses vérités sans voile, notamment sur des sujets liés aux rapports entre certaines puissances et son pays, les États africains de façon générale, M. Diop ne manque pas d’inspiration pour répondre aux sollicitations des médias, qui l’accostent parfois dans ses pas de course entre deux rencontres.

En cette soirée de samedi, 9 novembre 2024, Abdoulaye Diop était l’un des panélistes appelés à animer le thème « Russie-Afrique : en lutte pour la vérité ». Dans son intervention dans la salle archi-comble, le ministre Abdoulaye Diop a dénoncé un système colonial qui est toujours vivant en Afrique, justifiant par-là, la volonté du Mali, du Burkina et du Niger de rompre d’avec cette domination par la création de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour établir un partenariat sincère, respectueux et gagnant-gagnant.

Accosté par des médias au sortir du panel autour du sujet, le chef de la diplomatie a relevé que la Russie ne soutient pas seulement, elle est aussi partenaire. Son appui permet, justifie M. Diop, aux trois pays de l’AES d‘avoir des capacités militaires qui mettent les armées nationales de ces États en position de défendre leur souveraineté et de préserver leur intégrité territoriale.

« Cette opération sur le plan sécuritaire se passe bien, et nous pensons qu’elle doit pouvoir se poursuivre. Mais, nous n’avons pas que la Russie, il y a la Chine, la Turquie et beaucoup d’autres pays », a dit Abdoulaye Diop, montrant la disposition des trois Etats à travailler avec tout pays qui respecte leur souveraineté et est dans la sincérité. « …parce qu’un pays ne peut pas vous aider à lutter contre le terrorisme, si lui-même soutient des groupes terroristes. Ça aussi, il faut que ce soit très clair. On ne peut pas être allié à un pays qui a la main dans les problèmes qui ont été créés dans notre pays ; de la déstabilisation de la Libye à aujourd’hui, je crois qu’il y a certains qui sont responsables. C’est cette situation d’intervention en Libye qui a, malheureusement, créé toute la déstabilisation du Sahel et de l’Afrique. Donc, il faut que du point de vue de l’analyse, nous sachions qu’est-ce que nous combattons », assène le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Travailler avec la Russie pour l’avènement d’un monde multipolaire

Relancé sur son bilan en cette journée, Abdoulaye Diop a d’abord rappelé que la Conférence ministérielle actuelle se situe dans le cadre du Sommet de Saint-Pétersbourg, où des engagements politiques, économiques et commerciaux ont été pris. Pour ce qui concerne le Mali, avance-t-il, beaucoup de ces engagements ont été déjà mis en œuvre et ce symposium permet de faire l’évaluation et voir ensemble comment avancer. « Mais notre partenariat n’est pas que mercantile et sur des projets, nous voulons aussi travailler avec la Russie pour l’avènement d’un monde multipolaire qui nous permet également d’apporter des réponses à des déséquilibres qu’il y a aujourd’hui dans le monde et qui ne permettent pas à nos pays de se développer. Nous sortons d’un panel qui parle de colonialisme, parce que le système économique colonial ou néocolonial ne permet pas à nos pays de pouvoir transformer leurs matières premières, y compris les minerais, d’avoir le contrôle de nos ressources pour pouvoir nous développer. Je crois que c’est l’ensemble de ces questions qui sont au centre. Nous voulons, naturellement, renforcer le partenariat économique avec la Russie (au Mali, la coopération se fait dans les domaines de l’énergie, des mines, de l’agriculture, des technologiques à travers les satellites, etc.). Donc, le Mali est-là pour pouvoir vraiment faire avancer non seulement ce partenariat économique et commercial, mais aussi continuer à travailler à renforcer la sécurité et le partenariat politique au plan régional et mondial », a présenté le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Oumar L. Ouédraogo
De Sotchi, Russie
Lefaso.net