L’Ambassadrice de bonne volonté du Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants (CI-AF), Madame Sika Kaboré a conduit une mission de plaidoyer les 7 et 8 novembre 2018 à Genève, auprès des partenaires de l’organisation. Le séjour fut bref et mené au pas de charge. La Première dame du Burkina et les membres de son équipe ont réussi à rassurer les partenaires du CI-AF sur la détermination de l’organisation à renforcer la gouvernance et à travailler davantage pour atteindre son objectif de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines (MGF) dans le monde d’ici à 2030.

L’Ambassadrice de bonne volonté appuyée par la présidente du CI-AF, Mme Mariam Lamizana, la responsable du Bureau de liaison de Genève, Mme Adebisi Adebayo, Mme Mireille Sougouri et M. Emmanuel Ouali de l’Ambassade, Mission permanente du Burkina à Genève, a eu une série d’entretiens avec deux représentantes du Service de la solidarité internationale du Canton de Genève, Mme Alonso Maria-Jesu et Mme Dalila El-Masour, la Représentante permanente adjointe du Canada auprès des Nations Unies, Chargée d’affaires, Madame Tamara Mawhinney, et l’Ambassadeur, Représentant permanent du Royaume du Danemark auprès de l’Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève, S. E M. Morten Jespersen . « En tant qu’ambassadrice du Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants dont le siège se trouve à Addis Abeba et le Bureau de liaison ici à Genève, je me devais de venir rencontrer nos partenaires, ceux qui nous appuient dans le cadre du financement de nos activités. Il s’agit d’une tradition que nous avions perdu de vue, à un moment donné de la vie de l’organisation, et avec laquelle nous avons souhaité renouer, dans le cadre d’une culture de redevabilité », a expliqué Madame Sika Kaboré. L’Ambassadrice de bonne volonté du CI-AF a marqué sa satisfaction à l’issue de ces entretiens. « Nous avons atteint notre objectif parce que, partout où nous sommes passées, nous avons été bien entendues, nos interlocuteurs ont marqué un fort intérêt à nos activités, dans la mesure où ce sont des combats qu’ils portent eux-mêmes depuis toujours. Là, je veux parler des pratiques traditionnelles néfastes que sont les mutilations génitales féminines, les mariages d’enfants et les violences faites aux femmes de façon générale ».

Pour un nouveau départ pour le CI-AF

Les contacts seront poursuivis et concrétisés par la responsable du Bureau de liaison du CI-AF, Adebisi Adebayo à laquelle a bien voulu s’adjoindre Mme Mireille Sougouri de l’Ambassade, Mission permanente du Burkina à Genève, dans l’optique d’organiser, le 6 février prochain, un événement de haut niveau, à l’occasion de la Journée internationale TOLERANCE ZERO aux MGF. Pour la Première dame du Burkina, cet événement de haut niveau « va marquer un nouveau départ pour le CI-AF et rétablir l’organisation dans sa position de leader dans la lutte contre les MGF sur le plan international ».

« Je ne dirais pas que nous avons perdu du terrain parce que nous sommes présents dans 29 pays africains et 17 non africains dans lesquels cette pratique néfaste se perpétue, mais nous avons connu des difficultés d’un point de vue gouvernance et évidemment, cela va finir par se répercuter sur le terrain, si nous ne prenons pas dès à présent les bonnes décisions. C’était l’objet de la rencontre que nous avons tenue à Ouagadougou en octobre dernier et qui a réuni le bureau exécutif du CI-AF élargi à d’autres membres. Nous avons discuté de la vie de l’organisation, nous avons recensé les points forts, pointé les difficultés, pour voir comment aller au-delà, pour le bonheur des femmes et des enfants », a affirmé l’Ambassadrice du CI-AF.

Des raisons d’espérer

Malgré les difficultés, et nonobstant quelques poches de résistance, la lutte continue et il y a véritablement des raisons d’espérer. « La lutte porte véritablement des fruits et nous sommes supportés en cela par une forte volonté politique, en ce qui concerne le Burkina Faso dont le Chef de l’Etat vient d’être nommé champion de la lutte contre les violences faites aux femmes, en octobre dernier à Ouagadougou », a indiqué Madame Sika Kaboré. L’introduction des thèmes émergents, dont les violences faites aux femmes, dans les curricula d’enseignement, renforce la sensibilisation des enfants dans les écoles et accroit la veille citoyenne.

Elle a toutefois déploré le fait que tous les pays ne soient pas encore dotés de législation réprimant la pratique des MGF, ce qui entraine la pratique transfrontalière. A cela, il faut ajouter le fait que la montée de l’intégrisme religieux empêche les équipes de sensibilisation d’accéder à certaines zones, et l’abaissement continu de l’âge des excisées. « Aujourd’hui, la pratique se porte sur les bébés. Des fillettes à peine nées sont mutilées », a déploré la Première dame du Burkina.

Mais, a-t-elle affirmé, « aujourd’hui plus que jamais, nous pensons que nous sommes arrivés à un point où nous ne devons pas baisser les bras. Nous devons au contraire redoubler d’efforts, malgré l’amenuisement des ressources financières, et être beaucoup plus vigilants dans la gestion des fonds qui sont mis à notre disposition, parce que nous nous sommes fixés comme objectif, 2030 pour atteindre la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines dans le monde ».

Ces rencontres auront permis de rassurer les partenaires qui ont réaffirmé leur disponibilité à accompagner le CI-AF dans son processus de repositionnement stratégique sur l’échiquier international.